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tictacogecko secundo
27 juillet 2013

Monsanto le roi des empoisonneurs publics

 

En 2012, Monsanto a réalisé un chiffre d'affaires de 13,5 milliards de dollars, en croissance de 14% par rapport à 2011. Ceci la positionne comme un des premiers intervenants du marché mondial de l'agrofourniture, de la protection des cultures et des semences. Evidemment, à côté de WalMart, plus de 421 millions de dollars ou de Royal Dutch Shell, plus de 378 milliards de dollars, elle a tout d’une naine blanche, surtout si l’on se réfère à son pouvoir de nuisance. En mars 2009 pourtant, Hugh Grant est désigné comme étant l'un des 30 chefs d'entreprise plus respectés du monde sur la liste annuelle de Barron's, alors qu’il n’est qu’un tout  petit chef d’entreprise, par rapport à son chiffre d’affaires.

 

Monsanto a un le conseil d'administration constitué (en novembre 2010) de : Hugh Grant, président de l’entreprise. Grant est né à Larkhall , en Écosse. Il obtient un baccalauréat universitaire ès sciences en zoologie agricole à l'Université de Glasgow, un diplôme d'études supérieures en agriculture de l'Université d'Édimbourg et un MBA du Centre International de gestion de Buckingham, en Angleterre. Il travaille en Écosse de 1981 à 1991 pour la société Monsanto. Monsanto est alors basée aux États-Unis et prend alors le titre de directeur de la stratégie globale dans la division de l'agriculture, basée à St. Louis, dans le Missouri. En 1995, il devient directeur général pour la région Asie-Pacifique de la société, et en 1998, co-président de la division de l'agriculture.

La Monsanto Company telle qu'elle existait au xxe siècle a juridiquement cessé d'exister en 2000, suite à une période d'environ cinq ans pendant laquelle fusions et créations de filiales ont peu à peu dilué son caractère d'entreprise chimique, au profit des biotechnologies. Une nouvelle société Monsanto a alors été créée, dont Hugh Grant est devenu l’executive vice-president, puis le chief operating officer (le directeur général des opérations). En 2003, il est devenu président et directeur général et a rejoint le Conseil d'administration. Il a été nommé P-Dg de l'année 2010 par le magazine Chief Executive . Grant est entouré d’une tripotée de vice-présidents. Parmi eux on compte Brett D. Begemann, Carl M. Casale, Dr. Robert T. Fraley, Tom D. Hartley, Janet M. Holloway, Senior Vice President, Consuelo E. Madere, Steven C. Mizell, Kerry J. Preete, Nicole M. Ringenberg, David F. Snively et Gerald A. Steiner,

 

Les principaux actionnaires sont Primecap Management Company (24,342,989 actions), Marsico Capital Management (20,617,387 actions) et the Vanguard Group Inc., (20,245,734 actions) avec plus de vingt mille actions. On remarquera toutefois que le groupe Vanguard, avec ses faux-nez Vanguard Primecap fund et Vanguard Total Stock Market Index fund, compte pratiquement 16 millions d’actions supplémentaires, qui font de lui le premier actionnaire de Monsanto.

 

Monsanto  est une entreprise dont le siège historique est situé à Saint-Louis, États-Unis.  John Francis Queeny fonde, à la fin de l’année 1901, la société Monsanto. Il donne à son entreprise le nom de jeune fille de sa femme : Olga Mendez Monsanto. C’est une marrane (juive convertie), issue d’une famille espagnole anoblie qui a fait fortune dans la canne à sucre et la traite négrière dans les Antilles. A noter que c’est le beau-père de John Francis qui lui fournira l’argent pour qu’il crée son entreprise. Don Emmanuel Mendes de Monsanto travaillait dans le commerce du sucre (moins rentable sans esclaves sans doute). Il va permettre à son gendre de lancer la première entreprise de saccharine. Ce produit sera vendu pour l’essentiel à une petite société en développement nommée Coca-Cola, Monsanto se diversifie dès 1904 avec la fabrication de caféine et de vanilline.

C’est en 1918 que débute la production de l’aspirine : Monsanto en restera le premier producteur américain jusque dans les années 1980. Dès 1929, commence une période d’expansion et de diversification de l’entreprise dans les secteurs du caoutchouc et des phosphates. C'est aussi l'année de la cotation de la société à la bourse de New York6.

En 1945, Monsanto débute la production d’herbicides et d’insecticides. En 1950, Monsanto et American Viscose créent en coentreprise Chemstrand. Chemstrand produira les fibres acryliques Acrilan, inventées par Monsanto et Nylon, sous licence DuPont. Par la suite, Chemstrand deviendra Solutia. En 1957, a lieu l’inauguration de la « maison du futur » à Disneyland, entièrement réalisée en matériaux plastiques issus des technologies Monsanto.

Entre 1961 et 1971, Monsanto produit l'Agent orange, un herbicide à destination de l'armée des États-Unis qui sera épandu au Viêt-Nam, provoquant aujourd'hui encore de nombreux cancers, malformations de naissance et maladies diverses.

La division agriculture est officiellement créée en 1960. En 1970, le Dr John Franz synthétise la molécule connue sous le nom de glyphosate, l’ingrédient actif de l’herbicide Roundup qui sera commercialisé en 1974 en Malaisie et au Royaume-Uni, puis en 1976 aux États-Unis.

Monsanto investit en 1978 dans des programmes de biologie moléculaire. En 1982, les chercheurs de Monsanto réussissent à modifier génétiquement une cellule de plante. L’année suivante, en 1983, leurs premières plantes génétiquement modifiées voient le jour dans les serres de la société.

Parallèlement, Monsanto Hybritech Seed International est créé avec le rachat en 1982 du programme de recherche sur le blé de la société DEKALB. Puis en 1985, Monsanto acquiert le laboratoire pharmaceutique GD Searle & Co., notamment fabricant du célèbre aspartame NutraSweet.

En 1993, leur premier produit issu des biotechnologies est commercialisé : Posilac, protéine de lactation pour les bovins. À partir de 1993, Monsanto se développe par une succession d’acquisitions d’entreprises dans les trois secteurs qui deviendront le cœur de son activité : nutrition, santé et agriculture. Ce développement s’accompagne de la cession des activités liées aux matériaux plastiques.

Entre 1995 et 1997, de nombreuses plantes génétiquement modifiées reçoivent les autorisations de commercialisation : la pomme de terre NewLeaf, le cotonnier Bollgard, le maïs YieldGard, le soja Roundup Ready, le colza Roundup Ready et le coton Roundup Ready (ces trois derniers étant résistants à l'herbicide Roundup).

En 1999, Monsanto fusionne avec le laboratoire pharmaceutique Pharmacia & Upjohn pour créer Pharmacia Corporation. La division agriculture de Pharmacia Corporation conservera le nom Monsanto.

En 2000, la firme diffuse une charte : The New Monsanto Pledge. Celle-ci présente, sous cinq points, des valeurs censées représenter les engagements de l’entreprise sur la question des biotechnologies : «dialogue, transparence, respect,  partage et utilité».

En 2001, année du centenaire de Monsanto, l’Afrique du Sud cultive pour la première fois le soja Roundup Ready qui sera récolté en 2002. L’adoption des biotechnologies en agriculture connaît une croissance lente mais régulière. En 2002, l’Inde plante pour la première fois du coton Bollgard, en pleine crise indienne du coton, la production ayant été médiocre en 2000, 2001 et 2002.

2002 marque la scission d’avec Pharmacia qui fait de Monsanto une entreprise indépendante, entièrement dédiée à l’agriculture. En 2005, Monsanto annonce le rachat de Seminis Inc., devenant ainsi le premier semencier mondial.

Depuis 2005, Monsanto dépose de nombreuses demandes de brevets sur une méthode de sélection porcine assistée par marqueurs à l'OMPI.

L'entreprise a fait et continue de faire l’objet d'enquêtes et d'actions en justice concernant à la fois les produits chimiques ou issus du génie génétique qu'elle met sur le marché et ses méthodes de lobbying. Elle est accusée de promouvoir des produits nocifs pour la santé et l'écosystème et de falsifier les résultats d'enquêtes scientifiques, accusations portées entre autres par un ancien directeur de filiale de la firme.

Le soja transgénique rendu tolérant à l'herbicide RoundUp® de Monsanto, dit soja SRR est légalement commercialisé depuis 2004 au Brésil. Depuis cette date Monsanto a déterminé les règles de production des semences SRR. Les agriculteurs produisant les semences ont des contrats exclusifs sur une variété bien précise avec un distributeur unique et ont donc l'obligation de vendre la totalité de leur production à ce même distributeur. Il sagit en effet d'un contrat de licence que les distributeurs fixent avec Monsanto. Ces distributeurs, souvent des filiales de Monsanto, fournissent les semences OGM, les engrais et les pesticides de la maison mère. Monsanto récupère ensuite des royalties, à l'achat des semences puis lors « d'un droit de commercialisation », lors du stockage etc. correspondant à 15% de la valeur des grains.

 

Actuellement l'entreprise Monsanto produit  des herbicides, comme le Lasso, le Roundup ou des fongicides, comme Latitude. Elle vend aussi des semences conventionnelles (commercialisées, entre autres, sous les marques Dekalb, Asgrow, D&PL, Deltapine et Seminis) ou OGM (soja, maïs, coton, colza). En revanche elle a cessé la production d’hormones de croissance, par génie génétique, fabriquée de 1994 à 2008 sous le nom Posilac, Aroclor. Elle a aussi stoppé  définitivement le polychlorobiphényle (PCB,Agent Orange), avec une interdiction définitive des produits contenants des PCB et la fermeture de son usine en 1977. Quant à l'aspartame fabriqué sous le nom de NutraSweet  jusqu'en 2000, il a été revendu à J.W. Childs Associates.

 

En 2006, Monsanto commercialisait neuf variétés de maïs génétiquement modifiés, sept de coton, une de soja, une de luzerne et une de colza pour leur conférer une résistance à son pesticide RoundUp. Monsanto vend aussi une variété de colza et une de soja avec des teneurs plus faibles en acide linoléique. (Les Échos, 3 juillet 2007).  En 2007, Syngenta, Bayer, Monsanto, BASF, Dow et DuPont vendent 85 % des pesticides achetés dans le monde, un marché de 30 milliards USD. (IPS Inter Press Service, 7 décembre 2007).

 

à propos de lagent orange

 

Comme les autres fabricants de l'agent orange, herbicide et défoliant utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Viêt Nam, qui s’est révélé être cancérigène, Monsanto s'est vu intenter des procès par des vétérans américains et sud-coréens ainsi que par une association de victimes vietnamiennes. Certains ont abouti à une condamnation de la société.

La première étude suggérant la dangerosité potentielle de la dioxine, de composition assimilable à celle des polychlorobiphényles (PCB), utilisés comme retardeurs de flammes et isolants, parut aux États-Unis en 1937. Le problème soulevé par les médecins concerne à cette époque le développement de chloracné chez certains travailleurs des entreprises productrices ou utilisatrices des PCB. La même année, la Harvard School of Public Health organise une conférence à laquelle assistent des représentants des entreprises productrices de PCB dont Monsanto.

En 1966, l'étude du Suédois Soren Jensen montre que le PCB est responsable de problèmes environnementaux majeurs en Europe du Nord à cause de sa capacité à s'accumuler tout au long de la chaîne alimentaire (le lait maternel, les rivières, les poissons, les fruits de mer, la faune et la flore). Un constat identique de bioaccumulation est réalisé en 1968 pour les États-Unis par le Dr. Robert Riseborough de l'Université de Californie. La firme reconnaîtra l'année suivante la dangerosité des PCB.

En 1983, R.R. Suskind publie un article démontrant que les études menées par Monsanto sur un groupe de travailleurs exposés accidentellement en 1947 au 2,3,7,8-TCDD (dioxine de Seveso) contenu dans le 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (2,4,5-T), composant de l'agent orange, avaient été falsifiées dans le but de démontrer l'innocuité du produit. Un rapport interne à l'entreprise, aujourd'hui déclassifié, affirme cependant, dès le début des années 1950, qu'il est nécessaire de « donner l'alarme » au sujet des PCB, car «la toxicité de ses composants a été démontrée de manière répétée». En 1953, des chimistes de l’entreprise ont testé les PCB sur des rats. Ils ont découvert que, en doses moyennes, ils tuaient plus de 50 % des cobayes. L’entreprise connaissait donc de manière certaine à partir de 1953, soit plus de dix ans avant la prise de conscience générale de la communauté scientifique, les risques liés au PCB12.

En 2002, Monsanto a été attaquée en justice par 3 450 résidents de la ville d'Anniston (Alabama) pour la contamination de rivières et du sol aux PCB. Des documents internes montrèrent que la firme savait depuis plus de 30 ans que les poissons des rivières environnantes étaient contaminés par les rejets d'une de ses usines. Selon un rapport déclassifié, établi en mars 2005 par l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA), 308 000 tonnes de PCB ont été fabriquées à Anniston de 1929 à 1971. Sur ce total, 32 000 tonnes de ces déchets contaminés ont été déposées dans une décharge à ciel ouvert, située sur le site même, au cœur de la communauté noire de la ville. À l'issue de ce procès, Monsanto a été jugée coupable d’avoir pollué « le territoire d’Anniston et le sang de sa population avec les PCB » et condamnée à payer 700 millions USD de dommages-intérêts. La firme signa, en marge du procès, un accord avec l'EPA pour un plan de nettoyage de la ville. Aucune peine de prison n'a été retenue contre les responsables de la firme (dans le droit américain il est difficile d'atteindre des personnes physiques au pénal pour des activités d'une personne morale (=entreprise), qui plus est il aurait fallu poursuivre les dirigeants de l'époque, le procès ayant eu lieu 30 ans après la fin du délit et 80 ans après le début du délit, ce qui pose de problème de prescription et de présence des responsables morts de vieillesse.

Monsanto possédait un centre de production de PCB à Newport dans le sud du Pays de Galles. The Guardian a révélé en 2007 que la firme avait payé des entrepreneurs pour enfouir des centaines de tonnes de déchets hautement toxiques de PCB sur le site de Groesfaen, à proximité de Cardiff, tout en connaissant les risques de contamination pour l’environnement et les habitants proches de la zone. L’entreprise a continué à produire des PCB et à rejeter les déchets au pays de Galles jusqu’en 1977, plus d’une décennie après qu’il avait été établi que la contamination des populations et de l’environnement ne faisait aucun doute.

 

concernant le Roundup

 

Deux plaintes ont porté sur des mentions mensongères placées sur l’emballage du désherbant Roundup et concernant sa biodégradabilité. La première plainte contre l'herbicide a été déposée aux États-Unis dans l'État de New York. Le procureur général de cet État a condamné Monsanto, en 1996, au retrait des mentions jugées mensongères sur tous les emballages du désherbant incriminé.

En France, en janvier 2007, la 5e chambre du tribunal correctionnel de Lyon a condamné les sociétés Monsanto et Scotts France (distributeur du Roundup) à 15 000 euros d'amende pour publicité mensongère à la suite d'une plainte déposée par les associations Eau et rivières de Bretagne et UFC-Que choisir au sujet de l'étiquetage de l'herbicide. Le Roundup était, jusqu'à cette date, abusivement étiqueté en France « biodégradable » et « respecte l'environnement ». Le fait est que si le glyphosate est effectivement rapidement dégradé, ses produits de dégradation dont l'AMPA s'accumulent dans les nappes phréatiques. Ce jugement confirmé en appel fin octobre 2008 a conduit Monsanto à se pourvoir en cassation. Son pourvoi a été rejeté en octobre 2009.

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